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BRUXELLES-MEDICAL 535
trois et quatre mois sans présenter les moindres inconvénients du fait de la piqûre. Signa-
lons parmi ceux-ci deux cas de diabète infantile qui étaient en traitement depuis plusieurs
mois, sans avoir à se plaindre de malaises en rapport avec les infections répétées.
Chez tous ces malades, on observait une disparition du sucre urinaire, une réduction
du glucose sanguin, la disparition de l'intoxication acide et un relèvement de l'état général.
I1 ne nous paralt pas douteux que l'lnsulin constituera, dans l'avenir, un des éléments
les plus précieux du traitement du diabète. I1 ne nous reste plus qu'à envisager la pos-
sibilité de voir se modifier la technique de la préparation de l'hormone pancréatique, de
façon que le rendement de l'extrait soit amélioré et surtout stabilisé, et enfin que la voie
intramusculaire ou sous-cutanée puisse être un jour remplacée par un moyen plus simple
d'administrer le médicament.
D'autre part, les recherches de Banting et Best constituent le point de départ d'une
phase nouvelle dans l'histoire de la pathogénie du diabète. Si l'hormone du pancreas,
telle qu'elle a été isolée par les physiologistes de Toronto, trouvera surtout une application
pratique au point de vue thérapeutique, elle permettra aussi de résoudre certaines diffi-
cultés, qui sont restées jusqu'ici insurmontées, dans l'étude de la cause des perturbations
du métabolisme des hydrates de carbone.
A la théorie classique, née des travaux de von Mehring et Minkowsky, et des recher-
ches d'Arthus et de Lépine, théorie qui attribuait l'hyperglycémie du diabétique à un
ralentissement de la glycolyse, s'opposait une autre théorie née des travaux de De Meyer
et de Hedon, qui attribuait l'excès du sucre sanguin à une insuffisance de la glycogénèse
principalement; une glycolyse déilciente n'en étant qu'une conséquence.
Arthus et Lépine, puis De Meyer ont mcontré que le ferment sanguin responsable de
la glycolyse est élaboré par les globules blancs.
De Meyer parvint ensuite à démontrer que l'extrait aqueux du pancreas, non actif par
lui-même, est capable d'activer la glycolyse sanguine in vitro, en stimulant le ferment leu-
cocytaire.
Van de Put attira l'attention sur le fait que la glycolyse, qui s'opère spontanément in
vitro, est notablement ralentie dans le sang provenant d'animaux dépancréatés; mais qu'elle
est réactivée par l'addition d'extraits pancréatiques chauffés à 11 0° C. Cependant il n'a
pas été prouvé que d'autres extraits tissulaires de l'économie ne puissent favoriser la glyco-
lyse. Certes, cn n'est pas en droit d'affirmer que l'élaboration de la cohormone glycolytique
constitue l'apanage exclusif de la glande pancréatique: le coeur en circulation artificielle
détruit à lui seul le sucre du sérum de Locke qui l'irrigue.
C'est un fait bien établi que le diabétique n'est plus capable de brûler d'une façon
complète les matières protéiques et les graisses de son régime. L'acidose dont il est vic-
time n'est pas autre chose que le témcin de la combustion imparfaite des acides aminés et
des acides gras. S'il renonce également à l'utilisation du glucose, où donc trouve-t-il le
combustible qui lui permet encore de maintenir la température normale du corps et de
déployer l'activité musculaire, affaiblie il est vrai, dont il est encore capable.
Avec Naunyn, Von Noorden et d'autres, il semble bien qu'on soit en droit d'attribuer
les manifestations de l'insuffisance pancréatique et la cause du diabète à un trouble de la
glycogénèse en ordre principal; tandis que les propriétés glycolytiques de l'organisme, en
général, n'en subiraient que le contre-coup.
Mais il faut cependant reconnaître qu'il reste très difficile de classer définitivement les
éléments pathogéniques du diabète dans l'ordre de leur importance.
L'isolement de l'hormone pancréatique, réalisé par Banting, Bert et Collip, permettra
désormais de trancher la question.
I1 appartient dès à présent au laboratoire le moyen de faire ce départ.
Les auteurs canadiens ont déjà confirmé le résultat des recherches de De Meyer en
montrant que l'hormone pancréatique isolée par eux, et qu'ils appellent Insulin, règle l'équi-
libre glycogénique. I1 reste à rechercher si le contrôle de la glycolyse in vitro lui appar-
tient également. D'après une note publiée par Macleod, l'Insulin n'aurait aucune action sur
la glycolyse qui s'opère dans du sang recueilli à la veine. L'élément du pancréas qui active
le ferment glycolytique du leucocyte n'est donc pas l'Insulin. Ceci ne doit pas nous sur-