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leur extrait pancréatique tendrait à confirmer l'hypothèse émise par beaucoup de cher-
cheurs antérieurement, hypothèse qui voudrait que le glucose doive préalablement être
converti à l'état de glycogène, son polymère, afin de pouvoir être utilisé ensuite par les
tissus. Rappelens ici que De Meyer a développé les raisons pour lesquelles il y a lieu
de croire que cette conversion se fait en deux temps: 1° la conversion du sucre aldosique
en un sucre cétosique (fonction cétogénique); 2° la polymérisation du sucre cétosique en
glycogène (fonction glycogénique proprement dite).
Au fur et à mesure que le foie paraît recouvrir son fonctionnement normal, sous l'effet
du traitement, on voit en même temps tomber la teneur anormalement élevée en graisses
qu'on y trouve au cours de l'évolution de la maladie.
Enfin les auteurs ont établi un dernier fait non moins important:
Avec la disparition de la glycosurie et la chute de la glycémie que provoque leur
extrait pancréatique, on voit aussi s'arrêter complètement l'élimination des corps du groupe
cétonique, l'acétone, l'acide diacétique et l'acide P oxybutyrique. L'arrêt brusque de cette
intoxication acide qui accompagne une meilleure utilisation du sucre, confirme une fois
de plus la relation étroite qui existe entre la combustion complète des acides gras et la
formation des produits intermédiaires de la fragmentation des molécules hydrocarbonées,
ainsi que Schaeffer l'a montré in vitro, et tel que nous croyons également l'avoir pu con-
firmer indirectement in vivo.
En un mot, la totalité des processus pathologiques que nous présente le diabète sont
modifiés par le traitement à l'lnsulin.
Le rétablissement du mé.tabolisme normal des hydrates de carbone entraîne la dis-
parition de l'hyperglycémie et de la g[ycosurie, une élévation du glycogène hépatique et
du quotient respiratoire.
Le rétablissement du métabolisme des acides gras et peut-etre des acides aminés,
entra?ne a son tour la disparition de l'acidose et des accidents toxiques dont elle est res-
ponsable.
Campbell et Fletcher ont publié, avec Banting et Best (5) une série de cas de diabète
qu'ils ont traités à l'Insulin au ( Toronto General Hospital ,. De plus, nous en avons
observé une douzaine à ce même hôpital, lors de notre passage dans les universités cana-
diennes.
Les observations de ces malades répondaient à peu près toutes aux données suivantes,
avant le traitement: Le débit du glucose urinaire variait de 50 à 200 grammes en vingt-
quatre heures. L'hyperglycémie s'échelonnait entre 3 et 5 grammes par litre. La dénutrition
était si profonde dans certains cas, qu'il n'était pas toujours possible de maintenir les
malades en équi!ibre azoté. Enfin l'acidose se manifestait par l'élimination de 5 grammes
et plus de ccrps cétoniques par jour (les corps cétoniques totaux étant exprimés en grammes
ccrrespondants d'acétone).
La méehbode que suivent les auteurs canadiens consiste à garder préalablement le
malade en observation pendant une dizaine de jours, de façon à établir sa tolerance hydro-
carbonée. Celle-ci était reduite à presque rien dans bon nombre de cas. D'une façon géné-
rale, le malade était donc rendu aglycosurique si possible.
Un régime approprié à la tolérance du sujet étant donné, le traitement à l'lnsulin est
commencé à faible dose d'abord, jusqu'à concurrence d'une dose quotidienne de 4 à 5 uni-
tes en injection sous-cutanée ou intramusculaire. En même temps, la teneur en sucre du
régime est accrue h raison de 10 grammes de glucose par unité du principe actif, sans
qu'il apparaisse de propriétés réductrices dans l'urine. Les autres éléments constitutifs
du régime peuvent être donnés en proportions graduellement croissantes avec les hydrates
de carbone, et le malade reprend des forces et du poids en conséquence. Les résultats sont
surprenants dans bien des cas. Nous avons vu certains diabétiques dont la glycosurie était
difficilement maîtrisée au moment de l'admission, même en faisant subir au malade des
périodes de jeûne; après un ou deux mois de traitement à l'Insulin, on parvenait à leur
faire tolérer des régimes quotidiens de 1,800 à 2,400 calories, tout en les maintenant agly-
cosuriques.
Certains sujets subissaient des injections quotidiennes d'extrait pancréatique depuis