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région subdiaphragmatique. Une quantité abondante de suc étant ainsi recueillie, le pan-
créas était immédiatement enlevé et un extrait aqueux préparé. Les propriétés de cet extrait
sont les mêmes que celle de la glande dégénérée au point de vue de la chute de la gly-
cémie et de sa non-toxicité.
Quatre mois plus tard, Banting et Best (2) publiaient un autre travail dans lequel ils
proposaient une technique nouvelle permettant de préparer l'hormone dépourvue des fer-
ments protéolytiques. Le principe en est tout différent: certains faits tendent à prouver
que l'apparition de la sécrétion interne du pancréas précède celle de sa sécrétion externe
au cours du développement embryonnaire. Ainsi il paraît que la pancréatectomie n'est
pas suivie de diabète chez la chienne, lorsque l'opération est faite pendant la portée. I1
semble que l'animal ait vécu aux dépens des pancréas foetaux. Après la mise-bas des
petits, l'hyperglycémie et la glycosurie apparaissent aussitôt.
D'autre part, les signes de l'existence d'une sécrétion trypsinique n'apparaîtraient chez
le foetus que pendant la dernière période de la vie intra-utérine.
Les auteurs canadiens ont donc préparé des extraits aqueux de pancréas foetaux du
veau vers l'époque du cinquième mois du développement.
Ces préparations étaient également dépourvues de toxicité et présentaient le même
degré d'activité que les extraits antérieurs.
L'action antagoniste de la trypsine sur la sécrétion interne du pancréas était consi-
déree comme démontrée par les auteurs. La nécessité d'en effectuer la séparation s'impo-
sait. Mais les procédés dont ncus venons de donner le résumé n'étaient pas de nature à
envisager la réalisation pratique de la préparaticn de l'extrait en grande quantité dans un
but thérapeutique.
Ncus avcrns signalé plus haut que Scott avait cherché à faire l'extraction de l'hor-
mone pancréatique au moyen de l'alcool, mais sans aboutir à des résultats encourageants.
En suivant les indications de cet auteur, Bantig et Best préparèrent un extrait alcoo-
lique de la glande foetale qui se montra beaucoup plus actif que l'extrait aqueux.
Leurs protocoles d'expériences signalent des dépressions très marquées du taux du
glucose sanguin, suivies même d'hypoglycémie (Ogr6 par litre). Les lipoïdes de l'extrait en
avaient été enlevés par le toluène. Trai.é au moyen de cette preparation, un chien com-
plètement dépancréaté fut maintenu en vie pendant dix semaines. Les auteurs en présentent
une pho;ographie faite à ce moment, afin de montrer les caractères tout à fait satisfai-
sants de son état général. L'animal fut alors sacrifié afin de s'assurer de l'absence totale
de l'organe dont on l'avait privé. Si l'on se rappelle qu'un chien dépancréaté se cachec-
tise très rapidement et ne survit jamais au delà d'une période de trois semaines quand on
l'abandcnne à lui-même, et malgré une nourriture appropriée au régime classique des
diabétiques, l'on ne peut s'empêcher de considérer l'expérience comme étant très con-
cluante.
I1 était donc bien acquis que l'hormone de la sécrétion interne du pancréas est soluble
dans de l'alcool à 80°, et les auteurs ne tardèrent pas à tirer profit de ce fait capital pour
.chercher à séparer cette hormone des enzymes protéolytiques et des protéines de la glande
adulte.
Une modification de la technique de Scott était nécessaire.
Le perfectionnement du mode de préparation de l'extrait fut confié à J.-B. Collip,
professeur de chimie pathologique à l'Université de Toronto (3).
L' (( Insulin ,, dont on fait usage actuellement dans les hôpitaux et laboratoires cana-
.diens, se prépare de la façon suivante:
La glande finement divisée est traitée, à parties égales, avec de l'alcool à 80°. La
portion liquide est séparée par filtration et le filtrat est évaporé dans le vide. Le résidu est
traité deux fois à l'éther, afin de séparer les lipoïdes, et cette opération est suivie d'une
nouvelle distillation dans le vide. Le résidu est repris par de l'alcool à 80° et celui-ci est
centrifugé. Les protéines précipitées et les électrolytes cristallisés sont séparés par centri-
fugation: la solution surnageant contient le principe actif soluble. Elle est traitée par un
excès d'alcool absolu, ce qui entraîne la précipitation de l'hormone; puis celle-ci est reprise
par de l'eau et passée sur filtre Berkefeld.