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l'hyperglycémie consécutive à l'ingestion de 100 gr, de Elle diffère par ce point de l'enidonèse de Gardin, mais
glucose conclut à la non sp6cificité des extraits dant il ex- provoque sans conteste, chez les malades, un regain d'ac-
\ périmentait l'action. livité glycolytique inconnu jusqu'alors.
De ,,rieuses réserves s'imposent pour tout extrait acide Pour mesurer cette activité glycolytique, la plupart
présentant une réaction de Florence positive (choline) et des expérimentateurs se sont adressés aux détermina-
contenant des protéines. L'alcalinité du produit semble tions simples ou associées de la glycémie, du Q. R; et
de moindre importance puisque l'injection d'une grande des échanges gazeux (Gardin) avant et après ingestion
quantité de solution saline ne modifie pas le taux du sucre de sucre.
sanguin. Banting et Best, d'autre part, se sont assurés que Chabanier (1), après avoir montré l'importance, dans
les extraits d'autres organes préparés suivant une techni. l'étude de la physiologie pathologiquedu diabète, de la
que identique à celle qu'ils préconisent, n'influencaient notion de glycémie critique, s'est proposé avec ses colla-
pas la glycémie. Ils ont noté une chute légère (de 0,35t à borateurs, C. Lobo-Onell et M. Lebert d'en suivwe les
0,27) à la suite d'injection d'extrait thyroïdien, une chute modifications à la suite des injections d'extrait alcoolique
légére et temporaire avec un extrait de thymus, rien avec de pancréas. D'après cet auteur, cette méthode permet
le fcie et la rate. d'apprécier le rendement de I'appareil glycolytique, ce-
** lui-ci étantd'autant plus amélioré qu'il produit une gly-
·+~~~~ * ~ colyse plus forte à plùs basse pression de suere. Chaba- j
Lorsque l'on eut établi que le diabètc expérimental du nier, du reste, avait déjà pu apprécier l'intérêt de ce test
chien est en rapport avec un défaut de sécrétion interne lorsqu'en 1920 (2) il observa chez une grande diabétique,
du pancréas, certains, dansun but thérapeutique s'efforc.- à la suite d'injection d'extrait glycériné de pancréas, une
rent de trouver moyen de suppléer à cette déaficience chute nette mais éphémère de la glycémie critique. Il
endocrine. I1 semble cep/ndant'quc ces nonveies notions vient de reprendre ces recherches l'aide du nouvel ex-
expérimentales aient plutôt suscitédes controversesentre trait dontnous indiquons plus haut les caractères. Cet'
histolocistes, anatomo-pathologistes, biochimistes, préoc- extrait présente une trés grandle activité: là doses de
cupés 7e la physio-pathologie du diabète,que déterminé 3/4 de cc. il fait tomber en 2 h. la glycémie d'un lapin à
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des recherches opothérapiques persévérantes. jeun depuis 6 h. de 0.90a 0.34 Cstte chute du débit
Certains expérimentateurs, il est vrai, furent dès leurs glycosique est due A l'abaissement de la glycémie puis-
premiers essais rebutés par l'apparition chez leurs mala- que dans « les conditions de l'expérience ,,, l'insuline ne
des de graves malaises ou de troubles graves. présente pas une action directe et propre sur le seuil ré-
Zuelzer, Forsbach, à l'aide d(le leur pancreas hormon qui nal du glucose. Chsabanier, C. Lobo-Onell et M. Lebert,.
donnait à peine la réaction du biuret virent apparaitre de aprés avoir contrôlé sur l'animal l'activité de cet extrait,
la céphalée, des vomissements, de la fièvre, parfois même l'utilisèrent en clinique humaine (3). Ils purent consta-
une perte de connaissance et dans certains cas de la sto- ter qu'avec l'aide de l'insuline le diabétique n'avait pl us
matitj ou de l'herpès labial. Thomson à lasui'te d'une besoin d'augmenter sa glycémie pour se défendre con-
expérience pratiquée sur lui-même, utilisa son produit tre une acidose éventuelle. Cet effort qu'effectue (( son
chez un diabétique mais détermina chaque lois des malai- orgaaisme pour se régénérer » (CI. Bernard) est devenu
ses et de la céphalée. inutile, puisau'avec l'insuline il recouvre la faculté d'uti-
Les accidents que peut provoquer l'insuline de Banting liser le sucre à basse pression, c'est-à-dire dans les con-
et Best, si I'on excepte une éruption urticarienne parfois ditions d'une glycémie normale. Somme toute, après
constatée, semblent en rapport avant tout avec l'hypo gly- I'injection de cet extrait pancréatique, la glycémie criti-
cémietropbrutaleoutrop intensequ'ellepeutentraîner. Le tique du diabétique est tombée au voisinage de celle d'un
maladenedoit donc recevoir qu'une dose légèrement infé- sujet sain, car le rendement de l'appareil glycolytique est
rieure à celle qui ferait disparaitre complètement sa gly- suffisamment amélioré pour qu'avec une glycémie nor-
cosurie si l'on veut éviter l'apparition des troubles sui- male, les graisses alimentaires puissent se brûler sans
vants sensation de f;im, anxiété, tressaillements, trou- résidus de corps acétoniques.
hibles vaso-moteurs, et parfois même psychiques. D'après Il est bien entendu quepour apprécier ces modifica-
Banting ces manifestations penvent être traitées à l'aide tions de la glycémie critique, il est indispensable pen-
de jus d'orange, d'adrénaline, ou mieux (comme chez dant la durée de l'expérience de soumettre le malade à
l'anihial) de gtucose,à la-dose de 5 à 20 gr. un régime de teneur constante en graisses et en protéi-
n L'a.tio,u de i'insulinq, étant surtout marquiée dans les ques. Chabanier s'est-du reste assuré que (( a coatante
J heure qui suivent l'injecfiot,i i importe de I'administrer uréo-sécrétoire d&sait,aenaibleuWt fixe en sgri que*
en ude, dèux, trois doses, un peu avant les repas. Ceux-ci les quantités d'ur e exriétes-nsi temesee gal peu-
;dcoivent être composés de protéines, afin que l'équilibre vent êtreconsidérées comme le reflet réel de l'ieiensité
azoté soit conservé, de graisses et d'hydrates de ca,'bone. du méli:bolisme des protéiques ». Quiant au métabolisme
On note chez le malade la diminution ou même la sup- des graisses,.en l'absence d'un test utilisable, on peut ad-
pression de la glycosurie, la disparition précoce de l'acé- mettre qu'il ne doitguère présenter des variations, de
tone urinaire, le retour alanormalede la glycémie, l'aug- grande amplitude chez un sujet immobile et soumis à
mentation du Q. R., et une amélioration générale suivie une épreuve de courtè durée.
de tl disparition des.signes cliniques du diabète. Résumant les résultats heureux qu'ils oat obtenus en
Ces conclusions de anting se rapportent a l'étude de clinique humaine, Chabanier et ses collaborateurs, con-
cinquante cas.rcents (1). L'insuline demeure sans action cluent que cette médication semble indiquée chez les
quand on !'administre par'voie digestive.
qun _olm s prv. . (1) H. CHABANIER, C. LOBO-ONELL et M. LEBERT. - ( C. R. Soc. Biol.,
1923, n° 7, tome LXXXVIII, p. 480.
(1) BANTING, F. G., BEST C. TI., COLLIP, .J. B., CAMPBE.LL, W. R. anp (2) H. CHABANIER. - Glycémie et acétonurie. (Presse médicale, 24
FLETCHER. A. A. - Pancreatic Extracts in the treatiment of diabetes avril 192(5, p. 242, no 25.)
mellitus. (The Canadian medical Associalion Jo«trnal, 12, 1922, 141-146). (3) H. CIABANIER, C. LOBO-ONE.LL et MI. LERERT. - De la cure d'ex-
(BANTING, CAMPBELL et FLETCHER. - The Brilish medical Journal trait alcoolique (insuline) chez les diabétiques (Académie de médecine,
(Londres), n' 3.236, 6 janv. 1923. 27 mars 1923.)