LE PROGRES MeDICAL 255
ne comporte que peu-de lignes, mais toutes à lire. A leur brutal, sans que rien révèle à l'extérieur la transfor-
suite, une déduction marquee du coup d'aile médical: mation moléculaire qui s'est opérée en lui; le système ier-
l'analogie des symptômes entraîne une même localisation veux subirait une altération similaire dans ses propriétés
régionale « et par suite-, -la maladie de Parkinson doit être dynamiques, et continuerait à se détremPer peu à peu. En
sous-thala-nique ou pédonculaire ,,. I1 était réservé à l'ave- un instant s'accomplirait l'oeuvre des annees ».
nir de confirmer ces vues. On aurait découvert des lésions de sénilité des centres
Ce sont-là les premieres assises de nos connaissances nerveux. Brissaud démontre qu'il n'y a rien à en tirer.
actuelles sur la signification du Parkinson. Pour y parvenir, Rien à tirer non. plus des localisations nerveuses qui ont été
Brissaud est parti de la clinique ; il a procédé par confronta- tour à tour proposées ni des lésions niusculaires.
tion et réfilexion. La méthode est ouverte à tout le monde'; L'exagération du tonus musculaire·ferait-il la soudure,
mais tout le monde n'a ni la même qualité d'observation élément essentiel .du Parkinson ? Une telle théorie ne
ni la même qualité de. jugement. réussirait pas à prévaloir:
Toutes ces notions'passées en revue, Brissaud pense;à
*** une localisation « qui peut: donner la clef de tous les phé-
nomènes ». Et il met en cause le locus niger.
Dans une seconde leçon, Brissaud aborde les phénomé- Son intuition le fait toucher de très près à nos connais-
nes psychiques du Parkinson. Les malades apparaissent à sances actuelles. I1 convient de retenir qu'elle s'appuie suir
leur entourage comme.des ramollis ou des indifférents; une constatation nécropsique, représentée par une autap-
ils sont accusés d'égoisme, « de ce grand égoïsme sénite sie de Blocq et Marinesco: tumeur tuberculeuse ayant
si pnlm'e a ceux qu'ils ont aimés ». Autant d'erreurs d'in- complètement détruit le locus niger et provoqué une h/ni-
-.tt i-on:. Le 'parkinsonien comprend, mais il s'arrête plégie parkinsonienne du côté opposé. I1 convient. de retenUi
s-; '.or0t, "3I serait nRoessaire pour exprimer es- plhis encore qu'elle s'appuie sur une donn4e anat>mon &ol
'g rti *" (' il est en état de soudure intellectuelle comme siologique, - situation du locus niger aux confins des fibreB
'.en état de soudure physique ,,. I1 veut être entouré, être des mouvements volontaires et de celles des. mouvemnents
renseigné; c'est pour lui « un besoin ». I1 n'est malheu- automatiques, - qui concorde bien avec l'importance
reusement pas capable de répondre avec la même monnaie aujourd'hui reconnue à la perte de l'automatisme dans le
aux siens, qui se fatiguent à la longue de son inertie et de Parkinson .
ses exigences. Leur lassitude ne lui échappe pas, le rend Et puis, les altérations de la zone pédonculaire et sous-
mnefiant et le fait apparaître comme atteint ( d'une sorte optique notées dans la paralysie pseudo-bulbaire, où
de délire de la suspicion ». l'émotion 'joue un -rôle efficient de grande valeur, ne les
Catte bvolution mentale s!observe mieux en ville qu'a retrouve-t-on pas dans la maladie de Parkinson, voisine
l'hôpital. Les sujets apparaissent avec le cerveau figé de la précédente et, comme elle, soumise au choc émotif ?
comme les rmnuscles; ils sont analogues aux curarisés qui Celui-ci, on le voit, revient comme un leit-motiv sous la
continuent à percevoir les sensations tout en ne pouvant plume de l'auteur. '
plus manifester leur volonté. Hypothèse certes, conclut-il, mais pohie V î,--
D'autres parkinsoniens sont franchement vésaniques. et, ajouterons-nous, bienfaisante et he-u:tie..- / i
La mélancolie avec dépression s'observe plus spécialement. était tracç ,,i .......:- -' u
On a signalé des tendances au suicide, «rendues irréalisables lendemain Intertational Press=Cutting Bureau,
par la difficulté qu'ont les patients à se mouvoir ». Dans 14, New Bridge Street, I ondon, .C 4
ma premiere leçon je vous ai conté l'histoire de cette par- Ext-act from
kinsonnienne quesa gêne motrice n'a pas empêchée d'obéir En déf f ' e
aux sollicitations de sa mélancolie et qui s'est tuée pa; suppléer I ~ fl
défénestration. Les tendances au suicide ne sont donc pas recherche v . J. ............ n-
toujours ir*éalisables. nent à ce u ci
Reprenant le rapprochement entre les troubles- psychi- serait déjà fort digne - d'éloges mieux encore émerge-t-éelie
ques des parkinsoniens et des pseudo-bulbaires, Brissaud parle but où elle a conduit son auteur et par la prescience
insiste sur leur ressemblance; il évoque les pleurs' à motifs dont elle lui a permis de fournir le témoignage.
futiles, qui contrastent avec le calme en face d'événements
sérieux. -
Nous arrivons au plat de résistance, si l'on ose ainsi par- - .'
1er,, à la nature de la l~ral. ysie ag tante3. ? ly-. :~!? : 1 ': " I J: 4L [IO&tI'. t ! :
.~.;- -,- _ as:,, ib, g,.- »,»,,t.-.:ex "prsiozVpSr..j: "- X.
'associe au plus court et au. plus clair,: nous .semble-t-il,
l'étiologie émotive et la symptomatologie soudée. Brissaud A propos de I'Iiu[in !,
proclame le rôle de l'émotion, mais ne l'accepte ni exclusif par R. TURPIN.
ni constant; il ne se croit pas autorisé à conclure de la
cause émotion à l'effet névrose. L'émotion peut être à Lorsque les expériences de von Mering et Minkowski,
l'origine de lésions organiques, tels les grands chagrins qui confirmées et complétées par les travaux de Hédon; de
déclanchent les paralysies"pseudo-bulbaires. Comment par- Thiroloix, eurent établiles caractères du diabète pandréa-
ler de néviose en face d'un parkinsonien voué à une évolu- lique expérimental chez le chien, certains auteurs virent
tion progressive et croissante ? dans cette manifestation l'indice d'un trouble de là sé-
Sénilité précoce ? Nous nous demandons aujourd'hui crétion interne dui pancréas. R. Lépine (1), le premier,
comment une pareille conception s'est soutenue. On s'en émit l'hypothèse des rapports possiblesdu déficit d'une
est laissé imposer par l'objectif: vieillard courbé, trem- hormone pancréatique et du trouble du métabolisme des
blant, marchant à petits pas, etc. ; et on a avancé que hydrates de carbone que présentait l'animal dépancréaté.
l'émotion est capable de créer une vieillesse prématurée.
« Comme l'acier qui perd sa trempe à la suite d'un choc (1) R LÉPINE. - Le diabète sucré. Paris, 1909, p. 54.